La sexualité masculine

La sexualité humaine en général fait référence à des aspects physiologiques, psychologiques et comportementaux. Elle renvoie à des dimensions aussi bien biologiques, psychoaffectives que sociales. C’est un sujet qui anime l’individu tout au long de sa vie. Il implique le corps, via sa sensorialité et ses mécaniques physiologiques mais aussi le psychisme, par l’intermédiaire des pensées, des fantasmes et des désirs. La sexualité fait aussi référence à de nombreuses questions psycho-sociales : identités (de sexe et de genre), rôles (qui y sont généralement associés), attirances… La sexualité est également prise dans de nombreux enjeux subjectifs et intersubjectifs, comme l’intimité, le plaisir, l’érotisme, mais aussi collectif, comme les croyances, les attitudes et les valeurs. Enfin, ce thème est brassé par des abords économiques, politiques, éducatifs, culturels, éthiques, juridiques, historiques, religieux et spirituels. Il est donc tout autant une affaire de reproduction biologiques, de pratiques et de fantasmes psychiques, que de comportements sociaux et de relations interpersonnelles.

Mais si la sexualité englobe tous ces aspects, ils ne sont pas pour autant toujours explicites, intelligibles et exprimés.

La sexualité humaine, dans son ensemble, fait l’objet d’une tension entre émancipation et restriction (contrôle). Cependant, la sexualité féminine et masculine ne suivent par le même chemin, et les même rythmes : enjeux d’émancipation, de reconnaissances et d’égalité pour les femmes, enjeux d’intériorisation et de contrôle pour les hommes. 

Sexualité libérée mais encadrée, pornographie en libre accès mais en discussion de réglementation, débat sur la prostitution, mouvement « me too », dans les médias la  part masculine de la sexualité fait débat, et l’homme y apparait tantôt être dominateur et abuseur, tantôt être sans contrôle sur ses pulsions. Il lui est conseiller d’interroger sa virilité, qui pourrait être toxique ou abusive. Il conviendrait qu’il accède à sa part de féminité, qu’il aspire à la sensibilité et la douceur. Et pour autant, dans les salles de sports, dans les magasines et les séries, il est toujours sous pression de critères physiques, de mensurations et de performances notamment viriles. Cette question de la  virilité, à défendre ou à déconstruire, devient même un enjeu politique.

Notre postulat est que l’homme contemporain éprouve une certaine confusion à se situer et à se retrouver dans son identité face à toutes ces injonctions contradictoires. Et sa sexualité suit les même aléas et les mêmes difficultés. Sa complexité serait sous estimée selon Claude Crépault, (fondateur de l’Institut international de sexoanalyse, cofondateur du département de sexologie et professeur honoraire à l’université du Québec) : « on a tendance à réduire le désir sexuel de l’homme à un simple mouvement pulsionnel, à un état de tension (en soi non satisfaisante) qui doit faire appel à une décharge orgastique (modèle hydraulique). On sous-estime la complexité de la sexualité masculine, et on a du mal à reconnaître la fonction défensive de celle-ci: l’homme rentre dans le territoire d’Éros comme dans un refuge. Assez souvent, il se sert de la sexualité pour se réparer, lorsqu’il doute de sa masculinité notamment. C’est en réalité sa vulnérabilité qui intensifie sa libido. »

L’homme, face à sexualité, est-il alors à l’aise, tranquille, fluide, ou au contraire est-il bloqué, anxieux, empêché, tourmenté? A-t-il des ressources pour en parler? Comment ce qu’il vit sexuellement impacte les autres dimensions de sa vie, relationnelles et professionnelles ?

Laisser un commentaire